IKEBANA - UNE PAUSE ZEN ET FLEURIE A PARIS
Parfois, dans nos vies effrénées pour oublier un instant les tracas ou le tumulte des petits soucis, une trêve s'impose. Pour cela nous avons opté pour une pause aux accents nippons avec un cours d'Ikebana.
En passant à la Maison du Japon à Paris, le seul ouvrage trouvé ce jour-là datait des années 1950, ce qui nous a ravi en fait (« la voie des fleurs, le zen dans l’art japonais et des compositions florales »). Ce livre est rédigé par Mme Herrigel, qui avait résidé au Japon, appris cet art et retranscrit son esprit et des histoires poétiques l'entourant afin de le rendre intelligible à un esprit occidental.
"Mettre dans l'eau des fleurs vivantes"
De cet essai qui a constitué une sorte d’introduction, nous en avons retenu que celui-ci comme d’autres arts, tels que la calligraphie, nécessite d’être dans les dispositions mentales pour sa pratique, de faire preuve de recueillement et de concentration dans le moindre de ses gestes. Il faut arriver en toute quiétude car c’est une véritable expérience qui nécessite de se détacher de soi-même. Le lien avec la philosophie zen est évident, il s’agit d’une façon d’être dans son quotidien, le reflet des liens indissociables au japonais entre la vie, la nature et l’art.
Ce n’est pas une simple activité de décoration, mais une façon d’être au monde, de s’exprimer et un art de vivre.
Trois anecdotes et récits qui méritent d'être relatés:
- Si l'art de l'Ikebana pourrait se traduire comme littéralement celui de "mettre dans l'eau des fleurs vivantes", il s'agit de les traiter avec bienveillance et toute souffrance doit leur être épargnée. Il faut avoir un comportement juste et respectueux envers celles-ci. Mme Herrigel raconte ainsi que suite à la réunion de maîtres autour de cet art, ces derniers souhaitèrent honorer les fleurs coupées qui seraient jetées sans atteindre leur maturité, les vases devant être libérés pour les leçons qui suivraient. Selon une coutume elles étaient jetées dans le courant d'une rivière. Ils décidèrent de les enfouir et de dresser une stèle portant l'inscription "A l'âme des fleurs sacrifiées".
- La cérémonie des fleurs est intéressante et surprenante pour un occidental à cause du rôle joué par l'invité. Après l'attention portée sur la composition florale du maître de maison, l'hôte laissé seul avec le nécessaire doit à son tour se lancer dans une composition florale qui sera ensuite admirée par le premier et tous autres invités.
- Cet art était pratiqué les samouraïs. C'était entre autre un moyen de conserver calme et recueillement avant toute décision essentielle, une façon de rester imperturbable quelle que soit la situation.
œuvre d'Utagawa Kunisada (1786-1865) |
Samuraïs des temps modernes
Bref, souhaitant le temps d'une soirée se sentir des saumurais des temps modernes, nous avions réservé sur Internet un cours. Rendez-vous donc à 18h30 dans la cour d'un bâtiment dans le quartier de Saint Lazare pour 2 heures d'initiation.
Les cours ont lieu dans une salle empruntée à un organisme de formation. Cela n'est aucunement gênant. Nous sommes accueillis par le professeur bras chargés de fleurs et de branchages : Akiko GISHI, professeur diplômée de Tokyo et maîtrisant bien le français.
Nous précisons cela car il nous est déjà arrivé d'avoir des cours avec des professeurs compétents mais maîtrisant mal la langue de Molière. C'est parfois un frein dans la transmission des éléments du cours et limite les partages.
C'est agréable d'être un petit groupe de 6 personnes, si bien que le professeur est disponible pour chaque élève. Nous sommes entourés d'élèves habitués des lieux.
Le cours démarre sans fioritures. Le professeur donne tout d'abord les instructions aux élèves expérimentés. Elle rappelle au tableau les règles de composition d'Ikebana, distribue les fleurs et les branchages. Nous trépignons déjà d'impatience voulant en découdre avec nos sécateurs. Les élèves lancés, arrive alors notre tour.
Nous sommes les seuls débutants de la séance. On nous informe que l'Ikebana que nous allons pratiquer ici provient de l'école Ikenobo. Quelques recherches sur Internet après le cours nous ont permis d'identifier d'autres écoles : "Sogetsu", "Ohara", etc. Chaque école possède ses propres variantes d'esthétisme et ses codes de composition, même si certains styles sont communs aux différents courants.
Il semblerait que l'école Ikebono soit la plus ancienne, la plus traditionnelle et date du 6ème siècle. Son approche est intéressante, l'enseignement se base sur une base traditionnelle mais également sur une ouverture vers un style contemporain.
Cela se traduit d'ailleurs assez bien dans le déroulement de l'initiation avec 2 compositions à faire pendant le cours :
- Une composition classique
- Une composition libre
Le professeur nous explique alors les règles de composition. Chaque élément de l'Ikebana dispose d'une signification particulière. Le Shin, Le Soe, le Tai.. Chacun d'eux symbolisent respectivement l'Homme, la Ciel et la Terre. Au sein même d'une école, il existe également différents types de composition le Rikka, le Shoka, Le Moribana, Nagueire. Chaque style impose un vase différent.
Devant nous, un vase ou plutôt un contenant à Ikebana rempli d'eau avec dedans un pique fleur : l’élément indispensable pour la réalisation d'un Ikebana.
C'est donc parti pour une séance de découpe de branches de pommier, de tige de Lisianthius, de feuille de Pothos...
Nous plongeons avec plaisir dans la confection de notre composition, à la recherche d'une certaine esthétique. Nous avons l'impression de jouer au fleuriste. C'est très agréable. L'ambiance y est calme et studieuse. Le professeur développe d'avantage les concepts de l'Ikebana, la notion d’asymétrie, de force, et d'équilibre entre les zones de vide et de plein. Elle attire notre attention sur l'angle où sera vu la première fois l'Ikebana par un convive. Notre composition doit donc en tenir compte.
L'apprentissage, sécateur à la main
Nous apprécions la pédagogie. Toute en finesse et en sensibilité, le professeur nous laisse composer notre Ikebana en fonction de nos goûts et nos préférences. Puis elle nous suggère des corrections par petites touches pour être un peu plus dans un esprit "Ikebana". Il faut souligner la délicatesse des remarques qui donnent l'impression de composer une œuvre en commun qui finalement nous échappe afin d'arriver à une certaine harmonie.
A chaque composition, nous sommes invités à immortaliser nos œuvres...
Concentrés sur l'esthétique de nos œuvres, sur nos compositions, nous ne voyons guère le temps passer. Pris dans au jeu de la création, nous avons simplement l'impression d'être un peu hors du temps.
Petit plus : A l'issu du cours, nous pouvons récupérer les végétaux de nos compositions, de la matière première pour faire de beaux bouquets ou bien refaire une composition à la maison - encore faut il avoir le matériel...
Petit bémol : Nous aurions quand même aimé avoir un peu plus d'éléments de contexte. Quelques explications sur l'origine, l'histoire de l'Ikebana. Sans en faire des tartines, mais en apprendre un peu plus sur cet art. Mais il faut l'avouer, cela permet aussi de prolonger cette initiation en allant chercher un peu plus d'information dans les bouquins et internet.
L'autre petit bémol vient du groupe hétérogène : nous étions les seuls débutants. Ce soir là il y avait 3 personnes de niveau intermédiaire et une personne avancé. Du coup, c'est un peu de temps perdu lorsque le professeur donne des instructions aux autres groupes. Mais comme évoqué précédemment, les groupes étant relativement petits cela était moins gênant.
Conclusion
Cet atelier a été pour nous une belle parenthèse apaisante. cela fait du bien, une sorte de "speed therapy" de bien-être. On en ressort détendu, zen. Nous ne pouvons que recommander ce type d'atelier.
Les points positifs : Belle pédagogie. Petit groupe avec 8 personnes maximum. Des végétaux qu'on peut récupérer à la fin du cours. Prix peu excessif.
Les (petits)points négatifs : Groupe un peu hétérogène. Manque un peu d'histoire sur les origines de l'Ikebana. Devoir venir avec son sécateur (non fourni par le cours)
Pour continuer dans la Voie des Fleurs
Gusty. L. Herrigel , « la voie des fleurs, le zen dans l’art japonais et des compositions florales »
Édition: Dervy
Synthèse
En résumé, ça donne cela :
Intérêt |
4/5
|
Ambiance |
4/5
|
Budget |
4/5
|
===============
BONUS
===============
Cet atelier d'Ikebana était une tres belle invitation au voyage
Voyage que nous avons réalisé.
Voici quelques photos de notre premier périple au Japon
Informations Pratiques Prix par personne : 26€ Durée : 2h Lieu : Paris et région parisienne Inscription sur http://ikebanaparis.fr |
Vous avez aimé ? Alors n'hésitez pas à partager :
Comme quoi on voyage quand même un peu en restant à Paris ! C'est rassurant pour le jour où mes voyages toucheront à leur fin et que je devrai revenir par ici. Joli post :)
RépondreSupprimer